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Un transsexuel qui a violé une femme a été condamné à 15 ans de prison, mais pourrait finir dans une prison pour femmes

Ce n’est pas le crime d’une femme, quels que soient les sentiments dans la tête de Winter.

Nous devons prendre conscience des dangers de permettre à des délinquants sexuels pervers ayant une anatomie masculine de purger leur peine aux côtés de prisonnières vulnérables. Ce sont des prédateurs violents qui représentent une menace claire pour les femmes.

Vendredi dernier*, Michel[le] Winter a été reconnu coupable de viol à la Cambridge Crown Court au Royaume-Uni. La victime a déclaré à la police qu’elle avait encore des cauchemars au sujet de l’incident et qu’elle s’était réveillée depuis en criant « Lâchez-moi ! ». Lors de la détermination de la peine, le juge David Farrell a décrit Winter comme une personne dangereuse, avec « une nette propension à la violence ». C’était une attaque horrible.

Mais selon la presse locale, la victime de Winter a ensuite souffert de l’ignominie supplémentaire d’entendre son agresseur évoqué par des pronoms féminins tout au long du procès. Winter, semble-t-il, « s’identifie comme une femme », une terminologie qui est devenue si familière qu’elle est émise avant que notre cerveau ne la remette en question.

En vertu du Code de la rédaction régissant les médias écrits au Royaume-Uni, les journalistes sont tenus d’utiliser les pronoms que les personnes transgenres utilisent pour se décrire, et il n’y a pas d’exemption pour les violeurs. J’éviterai donc les pronoms. En partie par respect pour la victime, qui peut bien en être écœurée, mais aussi pour éviter de tromper les lecteurs en leur faisant croire qu’une femme a fait cela.

Je ne pourrais peut-être pas orner Winter de pronoms, mais je peux citer la loi : « Une personne commet une infraction [de viol] s’il pénètre intentionnellement… une autre personne avec son pénis. » C’est moi qui souligne, mais les mots sont directement tirés de la Loi de 2003 sur les infractions sexuelles.

Alors, quand j’ai vu qu’un journal britannique avait titré son article sur l’affaire « Une femme trans est emprisonnée pendant 15 ans pour avoir violé une autre femme », j’ai été consternée.

Nous devons nous en tenir aux termes de la Loi parce que lorsque nous changeons de mots, nous changeons notre façon de penser. La biologie ne peut pas être dupée –même si les gens peuvent l’être– et nous risquons d’oublier la question fondamentale : le viol est une violence sexuelle masculine, et il est commis par des hommes.

Pour ce crime effroyable, Winter a été condamné à 15 ans d’emprisonnement, ce qui, dans le cas de Winter, soulève la question de savoir où est-ce qu’il va purger sa peine ? Dans le cadre d’une politique désastreuse de 2016, cela pourrait bien avoir été une prison pour femmes. Avec une naïveté étonnante, le ministère britannique de la Justice a annoncé que « les personnes qui vivent dans un sexe différent de celui de leur sexe assigné à la naissance devraient, comme présomption générale, être traitées par les services de gestion des délinquants en fonction du sexe auquel elles s’identifient. »

Quel que soit le monde imaginaire qu’ils se représentaient, la réalité fut incarnée par Karen White, un pédophile condamné qui était en détention provisoire pour lésions corporelles graves, cambriolage, viols multiples et autres infractions sexuelles contre des femmes. Bien qu’il soit légalement et anatomiquement de sexe masculin, White s’est habillé en femme et a été dûment transféré dans une prison pour femmes. Le renard métaphorique dans le poulailler a ensuite agressé sexuellement deux autres détenues avant d’être renvoyé dans une prison pour hommes.

White n’est pas un cas isolé : il y a eu au moins six autres agressions sexuelles dans les prisons pour femmes par des condamnés transgenres. Lorsque ces chiffres ont été révélés l’année dernière, Nicola Williams, directrice du groupe de campagne Fair Play For Women, a déclaré : « Ces nouveaux chiffres sont un autre avertissement à propos de quelque chose que tout le monde sait : permettre aux hommes de pénétrer dans les prisons pour femmes est dangereux pour les femmes. »

Les règles ont été durcies depuis lors, mais elles sont toujours basées sur des équilibres de risques, et Winter pourrait encore être placé dans une prison pour femmes. La politique actuelle de 2019 stipule: « Une approche équilibrée doit être adoptée lors de la prise de décisions d’affectation, de soins et de gestion concernant les personnes transgenres, en équilibrant les risques et le bien-être de l’individu avec les risques ou l’impact sur le bien-être que la personne peut présenter pour les autres. » Si Winter demandait la reconnaissance légale de son nouveau sexe, l’option par défaut serait toujours une prison pour femmes.

Le groupe qui semble oublié dans tout cela est bien sûr les femmes en prison. Nulle part la politique ne suggère de demander aux détenues ce qu’elles ressentent lorsque des hommes biologiquement masculins, dotés de pénis, sont transférés avec elles, et il n’y a certainement aucune mention d’un droit de veto. Les femmes sont censées accepter la décision et ne pas se plaindre.

Mais les prisons sont séparées pour une bonne raison. Les femmes détenues constituent un groupe vulnérable, doivent être protégées contre des criminels masculins plus forts, souvent violents sexuellement, et sont relativement peu nombreuses. Au Royaume-Uni, elles ne représentent que 4% de la population carcérale totale. À ce taux, une prison hypothétique pour les sexes mixtes ferait en moyenne une femme pour 25 hommes. Ce serait une idée insensée. En outre, l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le Traitement des détenus stipule que « les hommes et les femmes doivent autant que possible être détenus dans des établissements séparés ; dans une institution qui accueille à la fois des hommes et des femmes, l’ensemble des locaux alloués aux femmes est entièrement séparé. »

Mais pour appliquer les règles de l’ONU, nous devons être clairs sur la manière dont les hommes et les femmes peuvent être distingués en premier lieu, et c’est un débat permanent. Tout le monde ne serait pas d’accord avec moi pour dire que les hommes et les femmes se distinguent par notre biologie. L’identité de genre –bien qu’il soit impossible d’en démontrer la vérité ou la fausseté– a été inscrite dans les lois et politiques du monde entier, y compris la politique qui s’applique à Winter.

Nous devons prendre du recul par rapport à ce débat et examiner les principes sous-jacents. Les femmes et les personnes transgenres peuvent être toutes deux des groupes vulnérables en prison, mais elles ne sont pas les mêmes et elles devraient être traitées séparément.

Bien que beaucoup d’efforts aient été investis dans les politiques et l’évaluation des risques, on a moins réfléchi au maintien de la dignité des êtres humains. Les femmes détenues ont droit à un logement non mixte, et pas à des « si », à des « mais » et à des échappatoires, et je le dis moi-même en tant que personne transgenre.

Plutôt que de faire campagne pour enfreindre les droits des femmes, les militants transgenres devraient demander que les droits des transgenres soient protégés dans le système pénitentiaire désigné pour notre sexe : un logement dans une cellule unique, des installations sanitaires séparées, et une protection supplémentaire qui peut être nécessaire.

Ce qui nous ramène à Winter, maintenant confronté à une longue période de prison. La prison n’est pas censée être une expérience agréable. Après le procès, l’agent-détective Jack Henderson a déclaré : « J’espère que cette peine aura un effet dissuasif sur Winter et toute autre personne qui choisit de nuire sexuellement à une autre personne. »

Je l’espère aussi, mais les mots comptent. Nous devons penser clairement, et nous devons être honnêtes. Au Royaume-Uni, le viol ne peut être commis que par des hommes. Les gens avec des pénis. Ce n’est pas le crime d’une femme, quels que soient les sentiments dans la tête de Winter. Pour le bien de la victime –et même de toutes les femmes– c’est quelque chose que nous ne devons pas oublier.


Par Debbie Hayton, et traduit par lecridespeuples.fr

Debbie Hayton est enseignante au lycée et responsable syndicale. Elle enseigne les sciences à des enfants de 11 à 18 ans dans une école du centre de l’Angleterre. En tant que personne transgenre, elle a beaucoup écrit sur ce que signifie être trans et comment les personnes trans peuvent être incluses dans la société sans compromettre les droits d’autres groupes vulnérables. Son travail peut être lu dans des publications de tous les horizons politiques, où un débat scientifique rationnel est autorisé et encouragé.

* Cet article a été publié pour la première fois en anglais par RT.com le 20 janvier 2021: A transwoman who raped a female in an horrific attack has been jailed for 15 years – but could still end up in a women’s prison.

Cette traduction a été publiée pour la première fois par lecridespeuples.fr le 23 janvier 2021: Grande-Bretagne : un transsexuel qui a violé une femme a été condamné à 15 ans de prison, mais pourrait finir dans une prison pour femmes.


By Debbie Hayton, and translated by lecridespeuples.fr

Debbie Hayton is a high school teacher and trade union officer. She teaches science to 11-18 year-olds at a school in central England. As a transgender person, she has written extensively about what it means to be trans and how trans people can be included in society without compromising the rights of other vulnerable groups. Her work can be read in publications from across the political spectrum, where rational scientific debate is allowed and encouraged. Follow her on Twitter @DebbieHayton

* This article was first published in English by RT.com on 20 January 2021: A transwoman who raped a female in an horrific attack has been jailed for 15 years – but could still end up in a women’s prison.

This translation was first published by lecridespeuples.fr on 23 January 2021: Grande-Bretagne : un transsexuel qui a violé une femme a été condamné à 15 ans de prison, mais pourrait finir dans une prison pour femmes.

By Debbie Hayton

Physics teacher and trade unionist.

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