Plus de 80 % des enfants qui pensent être dysphoriques de genre reviennent à leur identité sexuelle de naissance au moment où ils atteignent la puberté – alors pourquoi les parents permettent-ils aux tout-petits de « devenir » trans et de prendre plus tard des bloqueurs d’hormones ? L’attente vigilante est une bien meilleure pratique.
« Maddie savait qu’elle était différente dès son plus jeune âge. À l’âge de 2 ans, elle était déjà amoureuse des chaussures à talons hauts de sa professeur d’école du dimanche, qu’elle demandait régulièrement à essayer. Elle se pavanait dans la maison vêtue des costumes de princesse de sa sœur, et toutes ses amies étaient des filles. »
Katie Jenifer

Et cela a amené la mère de Maddie à décider qu’elle avait un enfant transgenre. Cette histoire, présentée dans le Washington Post plus tôt cette semaine, fait une promenade assez prévisible à travers les scénarios habituels. Le refus de quitter la maison habillé en garçon, à l’âge de quatre ans, a conduit inexorablement aux tenues traditionnelles des filles. Il y avait des difficultés à l’école et des inquiétudes concernant les droits des « enfants transgenres » à faire du sport, même si l’enfant n’était « pas vraiment un athlète ». Aujourd’hui âgé de 14 ans, l’enfant prend des médicaments pour empêcher un développement normal pendant la puberté. Selon les rapports, un bloqueur d’hormones lui a été implanté en 2019.

Je lis de telles histoires avec un mélange de tristesse et d’indignation. Tristesse pour les enfants qui ont été propulsés sur un tapis roulant de transition sociale et médicale ; des enfants qui ne connaîtront jamais la puberté pour laquelle leur corps a été conçu ; des enfants dont la chance de devenir un jour eux-mêmes parents est peut-être irrémédiablement éteinte avant qu’ils sachent ce que cela signifie d’être un adulte. Je suis indigné par les médecins qui facilitent un tel traitement, et par les législateurs qui leur permettent de le faire.
Mais le personnage central de ce reportage n’est pas l’enfant mais la mère. Katie Jenifer se décrit comme « une maman ours qui défendra farouchement son enfant, et tous les minots trans et LGBTQ comme si j’étais leur maman ours à eux aussi. » Elle est sérieuse. Non seulement a-t-elle rejoint deux conseils d’administration d’associations LGBTQ, mais elle a également fait des études de droit où elle s’est concentrée sur les droits LGBTQ. Plus tôt cette année, Jenifer s’est présentée devant la législature de l’État de Caroline du Nord pour témoigner contre un projet de loi interdisant aux étudiants transgenres de participer à des équipes sportives scolaires correspondant à leur identité de genre revendiquée.
Ce projet de loi était censé protéger le droit des garçons et des filles de rivaliser avec leur propre sexe – une préoccupation particulière pour les filles qui sont battues par des garçons qui prétendent s’identifier à des filles, quoi que cela signifie. Mais le projet de loi a été annulé à la suite de l’audience au cours de laquelle Jenifer a témoigné. Il semble qu’en Caroline du Nord, les filles doivent céder pour ne pas heurter les sentiments des garçons.
Il s’agit clairement d’un adulte qui s’est attribué une mission : « Je veux juste être une ressource et quelqu’un qui s’affirme et qui soutient », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle voulait également aider les personnes qui font la transition plus tard dans la vie.

En tant que personne qui a fait une transition plus tard dans la vie, je suppose que je suis censé être reconnaissant envers Jenifer et les autres « Maman Ours » qui deviennent si proactives dans une campagne qui s’est emparé de leurs vies. Mais je ne le suis pas. Au contraire, je suis profondément concerné par ce que je vois.
Contrairement à Jenifer, je sais ce que cela signifie d’être transsexuel et ce que ça fait de faire la transition. Je suis passé par là et je suis sorti de l’autre côté. Ce n’est pas un jeu, et ce n’est certainement pas pour les enfants. Parfois, les jeunes ont besoin d’être protégés d’eux-mêmes, mais ici, je le crains, ils ont besoin de protection contre leurs propres parents. Ma propre lutte avec le genre et les attentes placées en moi à cause de mon sexe ont commencé très tôt. Cependant, les enfants luttent avec beaucoup de choses. En effet, personne n’a promis que grandir serait facile et sans problème. Ce n’est pas parce que je voulais être une fille que j’étais une fille. Je voulais aussi être astronaute, et je ne l’étais pas non plus.
Au moment même de la vie où les enfants devraient explorer ce que signifie être humain dans le seul corps qui est donné à chacun d’entre nous, des décisions sont prises pour eux. Je crains que ce ne soient souvent les mauvaises décisions. Auparavant, l’attente vigilante était adoptée – permettant aux enfants de grandir avec un soutien psychologique mais sans interventions physiques, et beaucoup ont ensuite abandonné l’idée qu’ils étaient transgenre. Une étude de 2008 de Wallien et Cohen-Kettenis a tenté de suivre l’expérience de 77 enfants âgés de 5 à 12 ans qui avaient été référés à une clinique spécialisée en raison de « dysphorie de genre ». Lorsqu’ils ont été suivis environ 10 ans plus tard, seulement 27% étaient encore dysphoriques de genre. Pendant ce temps, 43% avaient renoncé et les 30% restants étaient introuvables. Les auteurs ont conclu que la plupart des enfants atteints de « dysphorie de genre » ne le seront pas après la puberté.
En Angleterre, les enfants dysphoriques de genre sont référés au Gender Identity Development Service (GIDS) géré par le Tavistock and Portman NHS Trust. Son site Web répertorie plusieurs autres études qui corroborent la conclusion de Wallien et Cohen-Kettenis. Selon GIDS, « dans la majorité des cas, ces sentiments [de dysphorie de genre] semblent cesser soit avant, soit au début de la puberté. » Ils ont mis leur propre chiffre là-dessus : « Dans toutes les études, environ 16% continuent avec leur identification de genre. »
Cela signifie que cinq sur six renoncent à ce processus, et cela nous ramène au sort des enfants dysphoriques de genre en 2021, bien que la façon dont un enfant de deux ans peut éventuellement être diagnostiqué avec une « dysphorie de genre » dépasse ma compréhension. Les jeunes enfants adoptent des comportements qu’on peut assimiler aux attitudes transgenres, bien que d’autres familles l’aient peut-être reconnu pour ce que c’était : des enfants qui s’amusent à s’habiller avec d’autres vêtements. S’engager dans des jeux d’imagination est une partie normale du développement de l’enfant ; cela ne signifie nullement qu’un enfant est destiné à être transsexuel. En même temps, tous leurs amis étaient des filles. Peut-être était-ce parce que leurs camarades de jeu avaient été choisis pour eux ? Mais il semble que les dés aient été jetés, bien que devenir un « enfant trans » ne semble pas avoir apporté beaucoup de paix et de contentement. Jenifer a rapporté les conséquences : exclusion des activités et « incidents transphobes ». Pourquoi quelqu’un ferait-il subir tout cela à son enfant ?
Le Washington Post a jeté plus qu’un peu de lumière sur cette question. Leur rapport se terminait par la réaction de Jenifer à l’annulation du projet de loi de la Caroline du Nord : « C’est exactement pour cela je voulais devenir avocate », a déclaré Jenifer. « C’est toute ma motivation – protéger les gens. »
Protéger quelles personnes est peut-être la première question que nous devrions nous poser. Les filles qui sont aujourd’hui perdantes face aux garçons transgenres dans les épreuves sportives [ou qui se font violer dans les toilettes d’un lycée ou dans des prisons par des hommes se définissant comme transgenres] ne sont guère protégées. Mais même s’il semble noble de vouloir protéger les autres, des questions encore plus importantes se posent quant à la motivation et au résultat. Pourquoi Jenifer veut-elle protéger les gens et qu’espère-t-elle accomplir en étant une championne de la « cause LGBTQ » ? Parlant de son propre enfant, elle a déclaré : « Elle aura probablement besoin d’un soutien juridique tout au long de sa vie, à moins que les choses ne changent radicalement dans ce pays… elle va avoir besoin de quelqu’un pour se battre pour elle sur ces fronts juridiques, et qui de mieux pour se battre pour elle que sa propre mère ? »
Est-ce que tout cela profite à l’enfant ou est-ce pour satisfaire les propres besoins de Jenifer ? C’est, à mon avis, la question cruciale que nous devrions nous poser.
Par Debbie Hayton, et traduit par lecridespeuples.fr
Debbie Hayton est enseignante au lycée et responsable syndicale. Elle enseigne les sciences à des enfants de 11 à 18 ans dans une école du centre de l’Angleterre. En tant que personne transgenre, elle a beaucoup écrit sur ce que signifie être trans et comment les personnes trans peuvent être incluses dans la société sans compromettre les droits d’autres groupes vulnérables. Son travail peut être lu dans des publications de tous les horizons politiques, où un débat scientifique rationnel est autorisé et encouragé.
* Cet article a été publié pour la première fois en anglais par RT.com le 31 juillet 2021: I despair when I read stories of kids as young as two being labelled as ‘trans’ – such children need protecting from their parents.
Cette traduction a été publiée pour la première fois par lecridespeuples.fr le 1 novembre 2021: Je désespère quand je lis des histoires d’enfants étiquetés comme « trans » à partir de l’âge de deux ans : ils ont besoin d’être protégés de leurs parents.
By Debbie Hayton, and translated by lecridespeuples.fr
Debbie Hayton is a high school teacher and trade union officer. She teaches science to 11-18 year-olds at a school in central England. As a transgender person, she has written extensively about what it means to be trans and how trans people can be included in society without compromising the rights of other vulnerable groups. Her work can be read in publications from across the political spectrum, where rational scientific debate is allowed and encouraged. Follow her on Twitter @DebbieHayton
* This article was first published in English by RT.com on 31 July 2021: I despair when I read stories of kids as young as two being labelled as ‘trans’ – such children need protecting from their parents.
This translation was first published by lecridespeuples.fr on 1 November 2021: Je désespère quand je lis des histoires d’enfants étiquetés comme « trans » à partir de l’âge de deux ans : ils ont besoin d’être protégés de leurs parents.
2 replies on “Je désespère quand je lis des histoires d’enfants étiquetés comme « trans » à partir de l’âge de deux ans : ils ont besoin d’être protégés de leurs parents”
Hi Debbie, I seem to be getting all your blogs in French. English didn’t appear to be an option on the list of translations. Please could you have a look? Many thanks!
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Hi! it’s not you! That is one of four French translations of my work that I have just shared. I don’t think the Google translate widget will translate them back into English but, if you scroll to the bottom of the page, you will see the link to the original piece in English. Tomorrow’s piece will be a newer article, and in English!
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