En redéfinissant le sexe comme une réalité biologique, Donald Trump frappe fort contre l’idéologie du genre. Mais son silence sur les pratiques médicales pour mineurs interroge.
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*** Cet article a été initialement publié avant le deuxième décret de Trump dans lequel il protégeait les enfants. ***
Dès le premier jour de son mandat, Donald Trump s’est attelé à protéger les femmes des extrémistes de l’idéologie du genre en réaffirmant la primauté de la vérité biologique au sein de l’administration fédérale américaine. Un positionnement qui se reflète dans l’intitulé même de son décret signé ce 20 janvier.
Il y a fort à parier que cela fera plaisir à plein de gens, notamment ceux qui ont fini par être exaspérés par l’avalanche de fadaises sur le sexe et le genre ayant accompagné la présidence Biden. Pourtant, une question reste en suspens : pourquoi Donald Trump n’a-t-il pas abordé ce qui est sans doute un scandale d’une gravité bien supérieure, à savoir la stérilisation et la mutilation d’enfants pratiquées au nom de l’idéologie du genre ?
Donald Trump est indéniablement conscient des atrocités qui se produisent dans les cliniques pédiatriques pour enfants trans à travers les États-Unis. Il y a près de deux ans, il s’était engagé à protéger les plus jeunes de ce qu’il avait qualifié de « démence gauchiste ». Selon lui, aucun pays sérieux ne devrait « dire à ses enfants qu’ils sont nés avec le mauvais sexe ». Il avait promis de « faire adopter une loi interdisant la mutilation sexuelle des enfants dans les 50 États ». Et déclaré qu’il « soutiendrai[t] la création d’un droit d’action privé permettant aux victimes de poursuivre les médecins responsables de ces procédures inacceptables sur des mineurs ».
Quand la loi rencontre l’éthique médicale
Dans l’Amérique de Trump, on aurait pu s’attendre à ce que ces cliniques spécialisées dans la réassignation sexuelle des enfants subissent toute la rigueur de la loi si jamais elles continuaient à pratiquer des interventions inutiles, non contrôlées et contraires à l’éthique sur des mineurs. Alors, pourquoi son décret n’a-t-il rien dit à leur sujet ?
D’un simple coup de stylo présidentiel, Donald Trump a pourtant balayé le reste de ce désordre. Dans l’esprit du gouvernement américain, le sexe est redevenu un fait « immuable », défini par des classifications biologiques et distinct de l’identité de genre. Les agences fédérales sont désormais contraintes d’adopter cette définition et de l’appliquer dans toutes leurs politiques, leurs documents et communications. Par ailleurs, aucun financement fédéral ne sera attribué aux initiatives soutenant l’idéologie du genre. Les espaces non mixtes bénéficieront de la protection du gouvernement fédéral, empêchant notamment les criminels de sexe masculin de se dire trans pour être incarcérés dans des établissements pour femmes.
Dans ce décret, il y a beaucoup que les gouvernements européens gagneraient à adopter. La réalité biologique n’est pas une lubie idéologique de droitards ; elle constitue le fondement de tout ce que nous comprenons du monde naturel, auquel les êtres humains ne sont pas étrangers. Prétendre que la biologie n’a pas d’importance dans la distinction entre hommes et femmes était une aberration, et cette position restera, à terme, impossible à défendre. La présence d’hommes dans des espaces réservés aux femmes, qu’il s’agisse de prisons ou de tout lieu où la nudité ou la semi-nudité est de mise, provoque des émotions qu’aucun diktat politique ne pourra jamais dissiper.
Les enfants en danger
Mais même si les États-Unis retrouvent un semblant de bon sens sur certaines questions, les enfants américains restent en danger. Le décret de Donald Trump protège les femmes, mais il est impératif qu’il en rédige un autre pour défendre les enfants. En 2022, Reuters rapportait que plus de 100 cliniques américaines spécialisées dans les questions de genre proposaient des traitements à des enfants. Dès le début de l’adolescence, ces interventions comprenaient des bloqueurs de puberté, des hormones du sexe opposé et, dans certains cas, des opérations chirurgicales. Dans tous les cas, l’objectif affiché était de soutenir et d’affirmer l’identité de genre de l’enfant. Peu importe que les intentions soient bonnes ou mauvaises, les faits, eux, demeurent.
Tout d’abord, il est impossible de définir l’identité de genre sans s’appuyer sur des raisonnements circulaires ou des stéréotypes sexistes. Même le diagnostic de dysphorie de genre chez l’enfant repose entièrement sur les affirmations non vérifiables de celui-ci – par exemple, un garçon qui déclare vouloir devenir une fille –, ainsi que sur des préférences en matière de vêtements, de jouets ou encore sur le sexe de ses amis. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) de l’American Psychiatric Association, la dysphorie de genre chez l’enfant se caractérise notamment par « une forte préférence pour les camarades de jeu de l’autre sexe ».
Deuxièmement, il semble que nous soyons face à une solution génératrice de son propre problème. Il y a 20 ans, les cliniques spécialisées dans les questions de genre pour les enfants n’existaient pas – la première a vu le jour à Boston, dans le Massachusetts, en 2007 seulement – et il n’y avait visiblement pas de besoin particulier en la matière. Certes, grandir a toujours été une épreuve, du moins pour certains enfants, mais les tourments de la puberté et de l’adolescence font partie intégrante de l’expérience humaine.
Une explosion des procédures
Mais ce n’est visiblement pas ainsi que ces médecins appréhendent la chose, puisqu’ils administrent à des enfants des médicaments non homologués pour interrompre leur développement naturel et les orienter vers une trajectoire différente. Des garçons adolescents développent des seins, tandis que des filles adolescentes voient pousser des poils sur leur visage. Plus alarmant encore, des enfants en parfaite santé sont conduits dans des salles d’opération pour se faire retirer des parties de leur corps. En 2019, 238 filles âgées de 13 à 17 ans ont subi une mastectomie à la suite d’un diagnostic de dysphorie de genre. Ce chiffre est passé à 256 en 2020, puis à 282 en 2021. Pour quelle raison ? Parce qu’elles sont mal à l’aise avec leur corps en pleine transformation et préfèrent peut-être se lier d’amitié avec des garçons plutôt qu’avec d’autres filles ?
Dans d’autres contextes, il est largement admis que les procédures de modification corporelle doivent être réservées aux adultes. Par exemple, les enfants sont considérés comme incapables de consentir à un tatouage. S’ils souhaitent modifier leur corps, ils doivent attendre leur majorité. Pourtant, il est troublant de constater que ces protections peuvent être levées dès lors qu’un enfant revendique une identité transgenre. Des mineurs, trop jeunes pour comprendre pleinement ce que signifie le fait d’être adulte, ont ainsi été autorisés à prendre des décisions irréversibles dont les conséquences se feront sentir tout le reste de leur vie.
Protéger les mineurs : un impératif
Un décret présidentiel ne suffira sans doute pas à interdire ces procédures ou à mettre fin à l’utilisation de bloqueurs de puberté et d’hormones à même de priver des enfants de la possibilité d’avoir leur propre descendance. Cependant, en tant que président des États-Unis, Donald Trump a encore le pouvoir d’exprimer clairement ses positions et ses intentions sur cette question cruciale.
Ces maltraitances infligées à des enfants vulnérables constituent une tragédie qui pourrait être rectifiée de deux manières : d’une part, le droit pénal pourrait interdire l’usage de médicaments et la réalisation d’interventions chirurgicales visant à traiter la dysphorie de genre chez les mineurs ; d’autre part, le gouvernement pourrait accompagner les anciens patients dans leurs démarches judiciaires à l’encontre des médecins responsables. La seule perspective de futurs procès pourrait suffire à décourager bon nombre de praticiens et à les inciter à choisir une autre spécialité médicale.
Trump s’est déjà longuement exprimé sur ces sujets par le passé. Désormais de retour à la Maison-Blanche, il est crucial que l’Amérique le réentende.
Par Debbie Hayton (traduction par Peggy Sastre)
Debbie Hayton enseigne la physique dans le secondaire, où elle est aussi syndicaliste. Journaliste et autrice, son dernier livre, Transsexual Apostate : My Journey Back to Reality, vient de sortir chez Forum Press. Vous pouvez la suivre sur X (ex-Twitter).
* Cette article a été publiée pour la première fois par Le Point le 27 janvier 2025 : Donald Trump et l’idéologie du genre : un combat à demi-mesure.